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Entrevue avec le Robin des Bois du recouvrement

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Entrevue avec le Robin des Bois socio-financé qui rachète aux riches pour donner aux pauvres

Note: Cet article est une réflexion sur l’industrie des agences de collection qui font le recouvrement des créances médicales auprès des consommateurs aux États-Unis.  Il est important de signaler la grande différence de nature entre la profession de Gestionnaire de Crédit et comptes à recevoir au niveau commercial et celle de collecteur au sein des agences assurant la perception de dette de consommateurs.  De plus, les lois canadiennes touchant au recouvrement des créances protègent mieux le consommateur qu’au États-Unis.  Nous avons tout de même jugé l’article digne d’intérêt car il touche la conscience professionnelle de tout professionnel du crédit et du recouvrement.

En entrevue avec Jerry Ashton dans un petit café de Union Square Manhattan, je l’interroge sur ses motifs profonds. Pourquoi lui, un vétéran de l’industrie du recouvrement, a-t-il sauté la clôture en protégeant les mauvais payeurs? « How about doing Good » dit-il avec un air espiègle. Le manège de ceux qu’il appelle les « bottom feeders » l’irrite profondément et il sait comment jeter un peu de sable dans l’engrenage.

Jerry Ashton est aussi blogueur pour le Huffington Post. C’est en couvrant le mouvement Occupy Wall Street qu’il a rencontré l’inspiration. Une initiative citoyenne nommée the Rolling Jubilee désirait attirer l’attention sur l’iniquité d’un système qui pousse au surendettement pour se soigner. Leur intention était de rassembler 50 000$ par une campagne de socio financement pour acheter 1 000 000$ de dettes et ensuite les abolir sans aucune obligation pour les débiteurs. Un message à passer au monde de la finance et à la classe politique. Dans le contexte, ils ont été inondés de contributions, rassemblant 14 fois le montant souhaité, pour finalement abolir 20 million de dollars de dettes médicales.

The Rolling Jubilee s’est tourné depuis vers les dettes étudiantes. Mais Jerry Ashton et son partenaire Craig Antico ont voulu reprendre le flambeau en créant un mouvement permanent avec l’ambitieux objectif de recueillir 14,4 millions de dollar qui permettront d’abolir 1 milliard de dettes médicales, soulageant ainsi 300 000 familles de ce fardeau.

La mission de RIP Medical Debt est simple mais elle fait réfléchir. Je la vois comme une forme de désobéissance civile à une époque où les pouvoirs auxquels il nous faut tenir tête ne sont plus tant ceux des États, qui ne sont plus maîtres du monde, mais ceux de la finance et de ses dogmes.

Pour en mesurer la portée, il faut remettre les dettes médicales dans leur contexte socio-économique américain où les soins de santé sont prohibitifs. Il est aussi utile de se mettre successivement à la place des créanciers et des débiteurs. C’est par ce chemin qu’on réalise comment une industrie opportuniste a transformé une faille de la société en occasion d’affaire en or au prix d’une grande détresse pour une partie non négligeable de la population.

Voici quelques extraits de l’article initialement paru dans l’encyclopédie Homo Vivens et la revue philosophique La Lettre de l’Agora

Tout perdre parce qu’on a été malade :

« Combien de personnes connais-tu au Québec qui ont perdu toutes leurs économies et leurs maisons parce qu’elles ont traversé une maladie? » me demande Ashton.  Aucune.

Autre univers qui rappelle le Moyen Âge ou le tiers monde : aux État-Unis, le risque de surendettement chronique suite à un imprévu médical guette une partie significative de la population. Même les gens qui bénéficient d’une coûteuse assurance se retrouvent parfois incapables de payer leurs soins suite à une maladie grave.

Selon Jerry Ashton, une famille sur trois est aux prises avec des dettes médicales astronomiques, 60% des faillites sont liées à l’endettement pour des soins de santé; un type de dette qui représente 50% du portefeuille des agences de collection.

Des créanciers qui ne pardonnent plus

Les professionnels du crédit vous diront que le fournisseur d’un bien ou d’un service est responsable de s’enquérir de la capacité de payer de l’acheteur avant de lui accorder du crédit. Si le créancier accorde du crédit à des personnes insolvables, il doit s’attendre à devoir radier un certain pourcentage de ses comptes à recevoir et considère généralement cela comme un des coûts à assumer pour faire des affaires, coûts qui globalement ne l’empêchent pas de faire des profits.

Après un certain effort de recouvrement confié, sans succès, à des professionnels, ils oublieront la dette et la vie continuera. C’est ce que ferait n’importe quelle personne raisonnable, n’est-ce pas?

Non. Parce qu’en vendant leurs comptes à recevoir à l’industrie du recouvrement pour presque rien, ils renoncent à leur pouvoir de pardonner. Ils passent l’épée de Damoclès à une industrie dont le mission est d’exclure le pardon, de miser sur le fait que si la dette ne vaut plus rien pour le créancier, elle vaut de l’or pour celui qui est disposé à contraindre le débiteur à la payer.

L’industrie du recouvrement s’est mise entre le médecin et le patient en confisquant l’oubli et le pardon.

Racheter aux riches pour redonner aux pauvres

On comprend mieux la mission de RIP Medical debt : Ils réinstaurent le droit de pardonner que l’industrie du recouvrement médical a confisqué aux créanciers et le remettent entre les mains du public.

N’importe qui a les moyens de soulager une famille de l’oppression des dettes injustes. La prochaine fois que vous aurez un peu de monnaie pour la charité, songez que votre dollar pourrait abolir 100$ de dettes injustes et illusoires en reprenant ce pouvoir entre les mains des marchants de misère.

Devenez un Robin des Bois de la finance pour quelque sous.